Le parfum caractéristique du cannabis et ses effets uniques ne dépendent pas seulement de son ingrédient le plus connu, le THC, mais aussi d'un ensemble de composés appelés terpènes. Ce sont des huiles organiques aromatiques que l’on retrouve dans de nombreuses plantes. Par exemple, le terpène d-limonène est responsable du parfum frais du citron. Plus de 100 terpènes différents ont été identifiés dans le plant de cannabis, et ils constituent une part significative des huiles essentielles de la plante. Nous allons découvrir ce que sont les terpènes, comment ils influencent l'arôme, le goût et l'expérience de consommation du cannabis, quels sont les terpènes les plus courants dans le cannabis, et quels profils terpéniques on trouve typiquement dans les variétés indica et sativa.
Que sont les terpènes et quel est leur rôle dans le cannabis ?
Les terpènes sont des composés aromatiques produits par les plantes qui leur confèrent leurs odeurs et saveurs caractéristiques. Ce sont des dérivés de l’isoprène : en pratique, les molécules de terpènes sont constituées d’unités d’isoprène à cinq atomes de carbone chacune. On trouve des terpènes dans les huiles essentielles de nombreuses plantes – par exemple, si la résine d’un conifère dégage une odeur de forêt de pins ou si une fleur de lavande a un parfum relaxant, c’est grâce aux terpènes. Dans le cannabis, les terpènes sont présents en grande concentration dans les trichomes résineux (les minuscules poils glandulaires), aux côtés des cannabinoïdes (comme le THC et le CBD). Pendant longtemps, on a considéré que les seuls principes actifs du cannabis étaient les cannabinoïdes, mais ces dernières années la science a commencé à s’intéresser à la possible synergie des terpènes avec les cannabinoïdes – un phénomène connu sous le nom d’« effet d’entourage ». Autrement dit, les terpènes n’apportent pas seulement une odeur : ils peuvent aussi moduler les effets du cannabis sur l’organisme.
Les analyses ont permis d’identifier près d’une centaine de terpènes et composés terpénoïdes différents dans le cannabis. Ainsi, chaque variété de cannabis possède souvent son profil terpénique unique – c’est-à-dire la combinaison des concentrations en terpènes – qui la distingue d’une autre variété par son arôme et possiblement par ses effets. Par exemple, les variétés de la famille Kush peuvent être dominées par certains terpènes, tandis que celles de la lignée Haze ont les leurs. Le rôle des terpènes dans le cannabis est donc multiple : ils protègent la plante des nuisibles grâce à leurs odeurs puissantes, attirent les pollinisateurs, et du point de vue humain ils enrichissent l’expérience sensorielle du cannabis et peuvent potentialiser les effets thérapeutiques des cannabinoïdes.
Comment les terpènes influencent l’arôme, le goût et l’expérience ?
Les terpènes sont en pratique l’élément qui détermine l’odeur et le goût du cannabis. Lorsque vous ouvrez un pot de cannabis et sentez un arôme prononcé — qu’il soit boisé évoquant le pin, citronné, diesel ou même floral — ces nuances proviennent des terpènes. Par exemple, le terpène appelé pinène dégage une odeur de forêt de pins, le limonène offre un arôme acidulé rappelant les agrumes, le linalol évoque le parfum fleuri de la lavande, et le caryophyllène apporte une touche poivrée et épicée. Une variété de cannabis peut contenir des dizaines de terpènes, mais en général quelques-uns d’entre eux dominent et confèrent à la variété un profil aromatique reconnaissable. Les terpènes influencent également la saveur du cannabis, en particulier lors de la combustion ou de la vaporisation : le goût sucré de baies, une tonalité musquée terreuse ou une note mentholée dans la fumée proviennent directement de la présence de tel ou tel terpène.
Le plus intéressant est que les terpènes peuvent affecter non seulement les perceptions sensorielles, mais aussi la nature même des effets du cannabis. Des études ont mis en évidence des interactions entre terpènes et cannabinoïdes : les terpènes peuvent renforcer ou moduler les effets du THC et du CBD dans l’organisme. Par exemple, des tests en laboratoire ont rapporté que le pinène pourrait prévenir la légère altération de la mémoire à court terme causée par le THC, en augmentant l’activité du neurotransmetteur acétylcholine dans le cerveau. Cela signifie qu’une variété riche en pinène pourrait provoquer une défonce plus lucide que le THC seul – c’est un exemple de l’effet d’entourage à l’œuvre. De même, on a émis l’hypothèse que le myrcène renforce les effets des cannabinoïdes en rendant la barrière hémato-encéphalique plus perméable, ce qui facilite la pénétration du THC dans le cerveau.
La synergie entre terpènes et cannabinoïdes fait encore l’objet de recherches actives, mais de nombreux consommateurs de cannabis estiment que les différences d’effets entre variétés s’expliquent en partie par les terpènes. Il existe également des indices que certains terpènes peuvent agir directement sur le corps grâce à leurs propriétés propres. Par exemple, dans une étude sur des animaux menée en 2021, on a observé que cinq terpènes courants du cannabis induisaient chez les sujets un comportement « cannabis-mimétique » – en d’autres termes, ils produisaient des effets similaires à ceux des cannabinoïdes, y compris un soulagement de la douleur. C’est une découverte importante : cela suggère que les terpènes ne sont pas de simples figurants passifs, mais qu’ils peuvent avoir des effets thérapeutiques autonomes (comme l’atténuation de l’inflammation, la réduction de la douleur ou la relaxation). D’ailleurs, de nombreux terpènes sont reconnus pour leurs propriétés médicinales dans d’autres contextes – par exemple, le linalol (présent dans la lavande) est utilisé en aromathérapie pour ses vertus apaisantes, et le β-caryophyllène agit comme un anti-inflammatoire en se liant aux récepteurs CB2 de l’organisme.
Il convient toutefois de rappeler que les différences individuelles sont importantes. Chaque organisme réagit un peu différemment à la composition en terpènes et en cannabinoïdes du cannabis. Ce qu’une personne perçoit comme une variété énergisante pourra être relaxant pour une autre. L’expérience utilisateur varie d’un individu à l’autre : par exemple, pour beaucoup, l’OG Kush est relaxante sans être totalement paralysante, alors que d’autres la trouvent carrément somnifère. C’est pourquoi les données de laboratoire sur les profils terpéniques peuvent aider à anticiper les effets, mais rien ne vaut sa propre expérience pour découvrir quels arômes et terpènes vous conviennent le mieux. Une grande partie des informations associées aux terpènes du cannabis provient des observations des communautés d’utilisateurs, car la recherche scientifique a longtemps été limitée dans ce domaine. Aujourd’hui, heureusement, l’intérêt pour les terpènes est en hausse, et notre compréhension de leur rôle dans l’effet global du cannabis s’affine continuellement.
Les terpènes les plus courants et leurs caractéristiques
Des dizaines de terpènes ont été identifiés dans le cannabis, mais quelques-uns d’entre eux reviennent fréquemment dans de nombreuses variétés. Ci-dessous, nous listons les terpènes les plus répandus ainsi que leurs caractéristiques typiques en termes d’arôme et d’effets potentiels :
- Myrcène (β-myrcène) : Il dégage un parfum terreux, musqué, avec une légère note de clou de girofle ou d’herbes. Le myrcène est le terpène le plus abondant produit par le cannabis. Il aurait des effets relaxants et sédatifs ; une teneur en myrcène supérieure à 0,5 % dans une fleur est traditionnellement associée à l’effet « couch-lock », c’est-à-dire un effet indica qui cloue l’utilisateur au canapé. Le myrcène pourrait aussi faciliter l’expression des effets d’autres composés, comme le THC, en augmentant leur passage à travers la barrière hémato-encéphalique. On en trouve en grande quantité par exemple dans la mangue, le houblon et le thym, ce qui explique les similarités aromatiques entre certaines variétés de cannabis et ces plantes.
- Pinène (α-pinène) : Comme son nom le suggère, son arôme est fortement boisé et évoque le pin. C’est l’un des terpènes les plus répandus dans la nature (présent par exemple dans la résine des conifères). La particularité du pinène est qu’il pourrait clarifier l’effet du cannabis : on a constaté qu’il atténue la perte de mémoire et la confusion induites par le THC en soutenant les fonctions cognitives du cerveau. En d’autres termes, le pinène peut rendre la défonce un peu plus limpide. En tant que terpène, le pinène possède également un effet bronchodilatateur (il dilate les bronches) et des propriétés anti-inflammatoires. Outre le cannabis, le pinène se trouve dans le romarin, l’eucalyptus et de nombreuses herbes. De nombreuses variétés Skunk et Haze ont un parfum intensément dominé par le pinène.
- Caryophyllène (β-caryophyllène) : Son odeur est poivrée, épicée et légèrement boisée. Le caryophyllène est un terpène hors du commun, car il se lie directement aux récepteurs CB2 du système endocannabinoïde de l’organisme – techniquement, on le considère même comme un cannabinoïde en raison de son action pharmacologique. Le caryophyllène possède de puissantes propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Dans le cannabis, ce terpène peut favoriser la relaxation du corps et réduire le stress. On en trouve beaucoup notamment dans le poivre noir, le clou de girofle et la cannelle. De nombreuses variétés indica et hybrides à l’arôme prononcé (comme beaucoup de Kush et de variétés de la famille Cookies) contiennent une forte teneur en caryophyllène, ce qui explique en partie leur côté épicé et corsé.
- Linalol : Il se distingue par un parfum fleuri rappelant la lavande. Le linalol est connu pour ses effets apaisants : il réduit l’anxiété, facilite l’endormissement et agit même comme un léger anticonvulsivant. On trouve ce terpène en abondance, outre la lavande, dans l’absinthe (Artemisia absinthium) et dans les huiles aromatiques de basilic. Dans le cannabis, on rencontre le linalol surtout dans de nombreuses variétés à dominance indica, auxquelles il confère un caractère relaxant, parfois légèrement soporifique. Le linalol fait également l’objet de recherches médicales ; il a été testé en soutien de traitements contre le cancer et s’est révélé avoir un effet anxiolytique.
- Limonène : Un parfum d’agrumes très reconnaissable – comme si vous respiriez l’écorce d’un citron frais. Le limonène est l’un des terpènes les plus courants du cannabis et on le retrouve en particulier dans les variétés de type sativa. Son effet aromatique est stimulant ; beaucoup considèrent que les variétés riches en limonène sont euphorisantes et énergisantes. D’après des études, le limonène possède également des propriétés antimicrobiennes : c’est un terpène antifongique et antibactérien. Sur le plan thérapeutique, il pourrait réduire le stress et l’anxiété – d’ailleurs, certaines personnes utilisent des huiles essentielles contenant du limonène pour soutenir le moral. Ce terpène se trouve dans la nature surtout dans les agrumes (citron, lime, orange). Parmi les variétés de cannabis, Super Lemon Haze et Lemon Skunk, comme leurs noms l’indiquent, sont riches en limonène.
- Humulène : Également appelé α-humulène. Son odeur est terreuse et évoque le houblon, rappelant l’arôme d’une bière bien houblonnée. L’humulène est un terpène intéressant car il a été observé qu’il réduit l’appétit – contrairement à la plupart des composés du cannabis qui ont tendance à l’augmenter (les fameuses fringales). En outre, l’humulène a des effets anti-inflammatoires et analgésiques, et certaines études suggèrent même des propriétés anticancéreuses. Outre le houblon, on trouve de l’humulène par exemple dans la coriandre et dans les huiles essentielles de clou de girofle. De nombreuses variétés Kush et certains hybrides Haze contiennent de petites quantités d’humulène, ce qui peut leur apporter une subtile touche aromatique rappelant la fleur de houblon.
- Terpinolène : Ce terpène influence fortement de nombreux arômes de cannabis et possède un parfum multidimensionnel : on y décèle simultanément des notes de pin, de fleurs, d’herbes et une légère touche d’agrumes. Le terpinolène n’est pas aussi courant dans le cannabis que les terpènes cités ci-dessus, mais il est souvent le terpène dominant dans certaines variétés sativa bien connues (environ une variété sur dix contient du terpinolène en quantité significative). Par exemple, Jack Herer, XJ-13 et Dutch Treat sont des variétés où le terpinolène est prédominant. Le profil d’effets du terpinolène est quelque peu paradoxal : d’un côté, en laboratoire il a été rapporté qu’il possède des propriétés apaisantes (sédatives), mais dans la pratique les variétés de cannabis riches en terpinolène (comme de nombreuses Haze) sont associées à une défonce euphorique, énergisante et stimulante pour la créativité. Le terpinolène se retrouve aussi ailleurs dans la nature – on en trouve notamment dans la noix de muscade, le cumin, l’arbre à thé et les pommes – et c’est un ingrédient courant des parfums et savons grâce à son arôme frais.
Outre ceux mentionnés ci-dessus, le cannabis contient bien d’autres terpènes, comme l’ocimène à l’arôme doux et herbacé (aux propriétés antivirales et anti-inflammatoires), l’eucalyptol à l’odeur d’eucalyptus (antidouleur, amélioration de la concentration), ou le nérolidol aux notes boisées (sédatif, antifongique). Cependant, ces derniers ne se trouvent généralement qu’en petites quantités ou dans des variétés plus rares. Dans le cadre de cet article, nous nous sommes concentrés sur les terpènes les plus courants.
Profils terpéniques typiques des variétés Indica/Kush
Traditionnellement, on classe grossièrement les variétés de cannabis en types indica et sativa (ainsi que leurs croisements hybrides). Les variétés de type indica – qui incluent de nombreuses souches de la famille Kush – sont typiquement connues pour leur effet relaxant et lourd, qui se ressent davantage dans le corps (on parle de « body high »). On associe souvent certains terpènes à cet effet. Selon la vision traditionnelle, les variétés indica contiennent beaucoup de myrcène, considéré comme l’un des facteurs clés de leur nature sédative. D’ailleurs, l’arôme épicé et terreux du myrcène est caractéristique de nombreux indicas. En outre, les fleurs indica contiennent souvent du caryophyllène, du linalol et de l’humulène, qui apportent des nuances aromatiques telles que des notes poivrées, florales et terreuses – et qui accroissent possiblement les propriétés relaxantes ou antidouleur de la variété. Par exemple, selon des données de laboratoire, les variétés de la catégorie indica contiennent en moyenne plus de linalol et de limonène que les variétés sativa, ce qui indique que des arômes floraux et citronnés sont plus courants chez les indicas.
Cependant, il est bon de noter que les profils terpéniques ne suivent pas strictement la classification artificielle indica/sativa. Fait surprenant, dans une analyse menée par le magazine High Times sur des compétitions Cannabis Cup, il est apparu que les fleurs gagnantes de la catégorie sativa contenaient même des niveaux plus élevés de myrcène et de terpinolène que les fleurs de la catégorie indica, tandis que les fleurs indica étaient plus riches en limonène, caryophyllène et linalol. Cela montre que l’origine génétique de la plante (indica vs sativa) ne détermine pas à elle seule le profil terpénique – chaque variété est unique. Néanmoins, dans la pratique, de nombreuses variétés d’indica bien connues partagent des similarités évidentes au niveau de leurs terpènes.
Les variétés Kush sont un bon exemple de profils terpéniques d’indica dominantes. Les hybrides du groupe Kush, issus des variétés landraces originaires de la chaîne de l’Hindu Kush (comme OG Kush, Bubba Kush, Master Kush, etc.), répètent souvent un schéma : une forte teneur en caryophyllène, myrcène et limonène combinée ensemble. Le caryophyllène et le myrcène confèrent à ces variétés un fond profondément terreux avec des touches de sucre caramélisé et de poivre, tandis que le limonène y ajoute une fraîche note citronnée. L’interaction de ces terpènes influe également sur l’effet ressenti – on sait que les terpènes cités sont associés au soulagement du stress, à la diminution de l’anxiété et à la détente. Ainsi, pour la plupart des consommateurs, une bonne Kush est la variété de soirée par excellence : puissamment relaxante, avec un goût et une odeur à la fois doux et terreux, rehaussés d’une touche d’agrume. Par exemple, l’OG Kush – l’une des variétés les plus célèbres au monde – renferme d’après des tests de laboratoire principalement du β-caryophyllène, du d-limonène et du β-myrcène. En outre, elle contient des quantités modérées de linalol, d’α-pinène et d’humulène. Grâce à ce profil terpénique, l’arôme de l’OG Kush est intensément « skunk » (musqué et légèrement diesel) avec des nuances de citron et de pin, et son effet est profondément relaxant dans tout le corps. Beaucoup la décrivent comme apaisante, voire soporifique, en particulier à forte dose.
En résumé, les profils terpéniques des variétés de type indica et Kush mettent l’accent sur des arômes et des terpènes lourds et relaxants. Le myrcène, le caryophyllène, le linalol, l’humulène ainsi qu’un arôme de haschisch prononcé y jouent un rôle clé. Ces variétés conviennent souvent à une utilisation en soirée ou lorsque l’objectif est de se détendre, de soulager des douleurs ou de trouver le sommeil – en partie grâce à leur composition en terpènes.
Terpènes courants des variétés Sativa/Haze
Les variétés de cannabis de type sativa (qui incluent notamment les génétiques de la famille Haze) sont associées à une défonce énergique, stimulante et euphorique. Les terpènes jouent un rôle majeur dans les arômes vifs et les effets de ces variétés. Beaucoup de variétés sativa ont un parfum plus éclatant et plus sucré que les indicas : on peut y trouver de puissants arômes d’agrumes, de fruits tropicaux, de pinède ou même de diesel. Cela renvoie à des terpènes tels que le limonène, le pinène, le terpinolène, l’ocimène et le β-caryophyllène dans des proportions un peu différentes de celles des indicas.
L’un des terpènes emblématiques de l’univers sativa est le terpinolène, dont nous avons déjà parlé ci-dessus. De nombreuses variétés de la lignée Haze sont dominées par le terpinolène, ce qui leur confère un parfum frais unique et procure souvent à l’utilisateur une énergie joyeuse, créative et sociable. Par exemple, il a été constaté que la variété Super Lemon Haze contient une quantité exceptionnellement élevée de terpinolène, ainsi que des niveaux significatifs d’ocimène doux – cette combinaison explique son arôme distinctif à la fois citronné et boisé, ainsi que l’effet euphorique pétillant qu’elle procure. Jack Herer est une autre variété sativa dominante classique, dont le profil terpénique comprend souvent beaucoup de terpinolène, de β-caryophyllène et de pinène. Ce trio dégage un parfum à la fois doux-épicé et résineux, et constitue de l’avis de beaucoup la recette d’une défonce claire et créative.
Le limonène est également très répandu dans les sativas. Certes, on trouve du limonène dans d’autres types de variétés aussi, mais il prédomine dans de nombreuses lignées Haze, Diesel et Skunk. Le limonène confère à une variété un arôme explosif d’agrumes (pensez au pamplemousse ou au citron) et sa présence a été associée à une amélioration de l’humeur et à une diminution du stress. Ainsi, les sativas riches en limonène sont souvent perçues comme des variétés « bonne humeur » à consommer en journée, pouvant réduire l’anxiété malgré leur effet stimulant.
Le pinène est un autre terpène clé dans l’univers des sativas. Dans de nombreuses variétés au parfum prononcé (par exemple dans les lignées Chemdawg et Haze), l’α-pinène et son isomère β-pinène apportent un puissant arôme de pin et d’aiguilles de pin. Comme mentionné plus tôt, le pinène peut maintenir la clarté mentale et même améliorer la concentration pendant l’effet du THC. C’est pourquoi certaines sativas très riches en pinène sont prisées pour les activités créatives ou les situations où l’on recherche de l’inspiration sans être trop embrumé.
Il faut également noter le rôle du β-caryophyllène dans les variétés sativa et Haze. Bien que le caryophyllène soit très présent dans les indicas, on le retrouve presque autant dans les sativas, où il apporte un coup de fouet épicé. Par exemple, de nombreux hybrides Haze (tels que Super Silver Haze, Neville’s Haze) présentent des quantités significatives de caryophyllène aux côtés du terpinolène – ce qui pourrait équilibrer un peu l’effet et apporter aussi au corps une certaine détente en contrepoids à l’euphorie cérébrale intense.
En résumé, les profils terpéniques des variétés de type sativa (en particulier les lignées Haze et Diesel) sont dominés par des terpènes vifs et pétillants : limonène, pinène, terpinolène, ocimène et souvent aussi caryophyllène. Grâce à leur action combinée, les sativas offrent typiquement une expérience du cannabis énergisante, améliorant l’humeur et souvent propice à la créativité. Côté arômes, les senteurs d’agrumes, de pin, de fruits exotiques et parfois d’essence sont emblématiques des sativas – tout cela grâce aux terpènes.
Exemples de variétés connues et de leur composition en terpènes
Pour conclure, examinons quelques variétés de cannabis réputées et voyons de quels terpènes se composent leurs arômes et effets uniques :
- OG Kush (hybride à dominance indica) – L’OG Kush est une variété légendaire, issue d’un croisement entre Chemdawg, Lemon Thai et une Kush pakistanaise. Son arôme est extrêmement puissant : un mélange de musc terreux et de caoutchouc brûlé, avec en arrière-plan des notes de citron et de pin. D’après les profils de laboratoire, les terpènes dominants de l’OG Kush sont le β-caryophyllène, le d-limonène et le β-myrcène. En outre, elle contient des quantités modérées de linalol, d’α-pinène et d’humulène. Cette composition en terpènes soutient les effets bien connus de la variété : de nombreux utilisateurs trouvent que l’OG Kush est relaxante et anti-stress, voire médicinale. Le caryophyllène et le linalol apaisent le corps et l’esprit, le limonène améliore l’humeur, et le myrcène intensifie la relaxation physique. Pour beaucoup, l’OG Kush est la fleur du soir par excellence, au goût prononcé, qui élimine efficacement les tensions accumulées durant la journée.
- Super Lemon Haze (Sativa) – Double championne de la Cannabis Cup, cette variété porte bien son nom : c’est un concentré d’agrumes, issu d’un croisement entre Lemon Skunk et Super Silver Haze. La Super Lemon Haze se distingue par ses terpènes : son terpène dominant est le terpinolène, suivi de près par de grandes quantités de d-limonène. Selon les analyses, elle présente souvent un pic notable d’ocimène ainsi que de plus petites quantités de pinène et de caryophyllène. Un tel profil terpénique explique le parfum et la saveur éclatants de bonbon au citron de SLH – comme une limonade sucrée avec une base terreuse et herbacée. Grâce à ses terpènes, la Super Lemon Haze est généralement décrite comme une variété joyeuse, sociable et créative. Le terpinolène et le limonène ensemble produisent une défonce énergique et euphorique, idéale pour la journée et les activités. Beaucoup rapportent que cette variété aide aussi à remonter le moral et à se motiver – rien d’étonnant, car la combinaison de limonène et de terpinolène est comme une boisson énergisante offerte par la nature.
- Blue Dream (Hybride) – Blue Dream est un hybride à dominance sativa originaire de Californie, issu d’un croisement entre une indica Blueberry et une sativa Haze. Blue Dream est devenue un classique moderne, en partie grâce à son arôme agréablement sucré de baies et à son effet équilibré. Le terpène dominant de cette variété est le β-myrcène, suivi de près par l’α-pinène et le β-caryophyllène. De plus, la Blue Dream contient souvent de petites quantités de limonène et de linalol en arrière-plan pour compléter son profil. Le myrcène confère à la Blue Dream ses notes olfactives douces et herbacées avec un soupçon de myrtille, tandis que le pinène apporte une fraîcheur de pin et le caryophyllène une pointe d’épices. En termes d’effets, la Blue Dream représente pour de nombreux utilisateurs l’équilibre parfait : elle offre à la fois une relaxation de tout le corps et une euphorie mentale, sans provoquer une somnolence ou une anxiété excessives. Ce qui s’explique bien au vu de ses terpènes – le myrcène détend et soulage la douleur, mais dans le cas de la Blue Dream son effet sédatif n’est pas excessif car le pinène et le limonène apportent un contrepoids clarifiant. Il en résulte une défonce claire mais calme. La composition en terpènes de la Blue Dream s’est avérée également populaire en usage médical : beaucoup l’utilisent en journée pour soulager le stress et la dépression (grâce à l’effet stimulant du limonène et du pinène) ainsi que pour apaiser la douleur et les tensions (grâce au myrcène et au caryophyllène) tout en restant fonctionnels.
Parmi d’autres exemples notables figurent le Granddaddy Purple (indica, avec un profil riche en myrcène et pinène produisant un arôme doux de raisin et un effet profondément relaxant) ainsi que le Jack Herer (sativa, au profil dominé par le terpinolène et le pinène, conférant un effet stimulant et créatif et un arôme herbacé-épicé). Chaque variété possède ainsi une « empreinte » terpénique unique qui la rend particulière.
Terpènes et cannabis forment un duo indissociable. Les terpènes sont une composante essentielle de la chimie fascinante du cannabis. Ils ne déterminent pas seulement l’odeur et la saveur d’une variété donnée, mais influencent aussi l’effet ressenti lors de la consommation. Pour le débutant, le monde des terpènes offre une nouvelle manière d’appréhender le cannabis : le simple pourcentage de THC ne dit pas tout, car les arômes peuvent donner des indices sur le type de sensation à attendre. Par exemple, une fleur à l’odeur citronnée pourra très bien avoir un effet tonique et exaltant (grâce au limonène), alors qu’une variété au parfum herbacé et terreux pourra offrir une relaxation profonde (sous l’effet du myrcène). Pour l’amateur plus expérimenté, les terpènes offrent des possibilités infinies d’exploration – à l’aide d’analyses de laboratoire et de ses propres sens, on peut affiner son choix de variétés afin de trouver le profil idéal pour un usage particulier ou un moment de la journée.
La recherche scientifique sur les effets des terpènes est toujours en cours et de nouvelles découvertes sont faites en permanence. L’effet d’entourage attribué aux terpènes est une explication prometteuse quant à la raison pour laquelle l’extrait complet de la plante de cannabis peut être plus efficace ou avoir des effets différents que le THC isolé. Bien qu’une grande partie des connaissances actuelles repose sur l’expérience des utilisateurs et la tradition empirique, il est important de noter que les premières études confirment déjà que nombre de terpènes possèdent en eux-mêmes des effets thérapeutiques, et qu’ensemble, terpènes et cannabinoïdes forment un ensemble complexe et harmonieux. À l’avenir, nous comprendrons sans doute de mieux en mieux comment, par exemple, une variété possédant une certaine combinaison de terpènes peut être mieux adaptée qu’une autre pour soulager la douleur.
Les terpènes du cannabis offrent une richesse tant pour les sens que pour l’esprit. Une fois que vous prenez conscience du rôle des terpènes, la prochaine fois que vous humerez ou savourerez une fleur de cannabis, vous pourrez apprécier encore davantage la diversité de cette plante. Que votre objectif soit de trouver la parfaite variété relaxante pour le soir ou une variété stimulante pour la journée, les terpènes sont la clé. Alors osez sentir et comparer – c’est à la fois amusant et utile. Les terpènes rendent chaque variété unique, et c’est grâce à eux que l’univers du cannabis est un champ d’expérience si riche et coloré pour nous tous, amateurs de cannabis.